Consuelo Fould (1862-1927), œuvres restaurées de la collection
Exposition dossier
Du 26 septembre 2020 à 25 octobre 2020
Le musée conserve la seule collection consacrée à l’artiste Consuelo Fould, peintre et inventeur, qui légua à la ville de Courbevoie sa villa-atelier dans le parc de Bécon. Issus de sa collection personnelle, les tableaux n’avaient pu être présentés depuis 1951, faute de restauration. Le fonds comprend des études pour des compositions mais aussi des œuvres présentées dans divers salons en France ou à l’étranger. La collection fait l’objet régulièrement de campagnes de restauration qui permettent de mieux appréhender l’œuvre et les techniques de l’artiste.
CONSUELO FOULD (1862-1927)
Née le 22 novembre 1862, à Cologne (Allemagne), Consuelo Fould arrive en France en 1864, avec ses parents, Valérie Simonin et Gustave Fould. Elle se forme très jeune auprès de sa mère, ancienne comédienne qui pratiqua la sculpture avec Mathieu-Meunier, professeur également de Sarah Berhnardt.
Membre de la Société des Artistes Français, Consuelo Fould expose régulièrement entre 1884 et 1911. Elle participe avec sa sœur, Mlle Achille-Fould, aux expositions de l’Union des femmes peintres et sculpteurs et de la Société Nationale des Beaux-arts. Elle prend part au Salon d’Hiver et à celui de l’École française sans compter diverses expositions à Paris et en Province.
Consuelo Fould fut également « inventeur », déposant des brevets enregistrés à l’Office national de la propriété intellectuel (actuel INPI, Courbevoie) pour la création de poupées articulées, de clous d’ameublement et de corsets féminins.
Par testament, la peintre lègue une partie de sa fortune et la totalité de ses biens immobiliers à la ville de Courbevoie, à charge d’ouvrir un musée consacré à son maître et ami, Ferdinand Roybet. Si elle décède le 16 mai 1927 à Paris, le musée ouvre après la guerre en 1951.
LE CHOIX D’UNE CARRIÈRE
Plus que sa sœur Mlle Achille-Fould, Consuelo Fould demeurera marquée tout au long de sa vie par l’histoire mouvementée de ses parents. Tenue à l’écart d’une partie de sa famille et témoin de la séparation de ses parents, elle conservera une blessure profonde de ses années de jeunesse. Elle a sept ans à l’époque de l’installation du Prince Georges B. Stirbey, son futur beau-père, à Courbevoie. Sa mère, Valérie Simonin, partage son temps et ses activités entre Asnières, Courbevoie et Paris. En donnant à sa fille le nom d’une héroïne de George Sand, cette dernière semble la prédestiner à une carrière artistique. À l’époque, cette voie offre, en effet, une relative indépendance financière et sociale.
Aussi la seconde moitié du XIXe siècle compte un nombre exponentiel de femmes plasticiennes qui exposent dans les Salons artistiques ou mondains, voire dans des galeries privées, tout en demeurant un siècle plus tard, peu connues. Le milieu social est déterminant dans le choix d’une vie artistique professionnelle. Être peintre ou sculpteur, c’est souvent emprunter un chemin difficile semé d’embûches et de désillusions. Appartenir à un milieu aisé et, être de surcroit, déjà intégré dans les réseaux parisiens, constituent des atouts importants.
Initiée par sa mère au dessin, Consuelo Fould se forme auprès de maîtres influents de l’école française, anciens professeurs des beaux-arts ou membres de divers jurys. En 1884, elle commence une carrière officielle au Salon des Artistes Français où elle expose annuellement. Elle puise ses sujets dans la presse et la littérature dans un style proche de l’affiche publicitaire. Les scènes de genre excessivement théâtralisées mettent en avant des portraits féminins ce qui constitue chez elle une forme de militantisme. Les critiques, collectionneurs et amateurs saluent sa production, régulièrement reproduite dans la presse contemporaine.
Les années 1892/1893 marquent un tournant. Si Consuelo et sa sœur passent plusieurs mois dans l’atelier de Rosa Bonheur, la vie et la carrière des sœurs se séparent en voies disjointes. Le 7 octobre 1893, Consuelo Fould se marie avec le Marquis Foulques de Grasse à la mairie de Courbevoie. À la même époque, elle rompt avec ses premières tentatives artistiques influencées par sa sœur pour développer un style personnel proche de l’école symboliste. Sa technique emprunte désormais à Ferdinand Roybet les recettes de l’atelier du maître.

Consuelo Fould, Table en marbre, maison de Méléagre à Pompéi, 18 avril 1879, huile sur toile, musée Roybet Fould, inv. 90.4.22 ; legs Consuelo Fould.
Restauration en 1988 : nettoyage, refixage et consolidation.
Signée et datée, l’œuvre constitue le premier témoignage connu de l’artiste avant sa présence dans les Salons officiels. Le style appliqué prend appui sur un enseignement du dessin traditionnel qui privilégie la perspective linéaire avec un point de fuite unique. L’œuvre fut peut-être réalisée in situ lors d’un voyage à Naples, selon une pratique courante chez les artistes européens à la recherche de vestiges antiques, depuis le XVIIIe siècle.

Consuelo Fould, L’œuf du jour ou Le retour de marché, 1890, huile sur toile, musée Roybet Fould, inv. 2014.6.
En attente de restauration : décrassage, refixage, consolidation, reprise de la déchirure.
L’œuvre qui n’a pas fait l’objet d’intervention laisse apparaître des défauts techniques dans l’application des pigments. En effet, les gerçures (effet crocodile) visibles à l’œil nu sur les mains ainsi que dans les zones rouges et noires résultent d’une rétraction de la matière. La couche picturale a séché de manière non uniforme et trop rapidement. Ces défauts ne touchent pas l’intégrité de l’œuvre mais ils enlèvent à la qualité visuelle de la composition.

Consuelo Fould, La Chiffonnière, 1886, huile sur toile, musée Roybet Fould, inv. 90.4.08 ; legs Consuelo Fould.
En attente de restauration : décrassage, reprises ponctuelles de la couche picturale, vernis oxydé à alléger et à homogénéiser.

Consuelo Fould, La marchande d’allumettes, s.d. (1885-1890), huile sur toile, musée Roybet Fould, inv. 90.4.13 ; legs Consuelo Fould.
En attente de restauration : décrassage, reprises ponctuelles de la couche picturale, vernis oxydé à alléger et à homogénéiser.

Consuelo Fould, Portrait du Marquis Foulques de Grasse ou le joueur de mandoline, 1903, huile sur panneau, musée Roybet Fould, Fonds Consuelo Fould, inv. 90.4.27.
Restauration en 1993 : décrassage, retouches et reprise du vernis.
Si La Table antique constitue la première œuvre peinte connue de l’artiste, Le joueur de mandoline s’inscrit dans une période de maturité marquée par l’enseignement de son dernier maître, Ferdinand Roybet : travail uniforme dans le fonds traité en glacis bruns, frontalité du visage, rendu appliqué des mains et recherche de volume dans le textile.
LA RESTAURATION DES ŒUVRES DE CONSUELO FOULD
Rédigé en 1922, le legs de Consuelo Fould devient effectif après son décès en 1927. Il est conditionné à la création d’un musée consacré à Ferdinand Roybet, selon le vœu de l’artiste.
Elle donne à la ville de Courbevoie des biens immobiliers mais également des objets assez divers, tous conservés dans l’ancien Pavillon de la Suède de la Norvège durant la Seconde Guerre mondiale. En février 1944, un inventaire des biens dressé par huissier comptabilise 291 numéros parmi lesquels se trouvent des meubles, des miroirs, des sièges, un paravent chinois, des chevalets, des tapisseries, une mappemonde, des sculptures en bois et un buste en marbre, … Quatre-vingt-un numéros sont des gravures, des études peintes et des tableaux dont trente-cinq œuvres identifiées comme étant de la main de Consuelo Fould.
Depuis l’ouverture du musée en 1951, la grande majorité des tableaux n’a jamais été exposée faute de reconnaissance de l’artiste, de place et de restaurations des toiles conservées jusqu’à récemment dans de mauvaises conditions.
Un tournant est amorcé en 1992-1993 avec une première exposition consacrée aux deux artistes fondateurs du musée : Ferdinand Roybet et Consuelo Fould. Le musée entreprend une première campagne comprenant le nettoyage et la restauration de dix-huit tableaux. Celle-ci est suivie de plusieurs interventions successives sur la collection, entre 2014 et 2020.
En 2014, l’exposition « Femmes & artistes à travers les collections du musée Roybet Fould » marque une étape supplémentaire pour la reconnaissance d’une carrière et l’identification des œuvres. Faute de place, le musée doit néanmoins restreindre la présentation des tableaux de l’artiste. Le musée propose alors par roulement l’exposition des compositions. Il a pu également répondre favorablement aux demandes de prêts extérieurs.

Consuelo Fould, Les Druidesses apaisant la tempête, s.d. (1911), huile sur panneau bois (revers parqueté) ; couche picturale avec préparation blanche, musée Roybet Fould, inv.90.4.3 ; Legs Consuelo Fould.

Consuelo Fould, Bouquet de Lilas, s.d. (XXème siècle), huile sur toile, musée Roybet Fould, inv.90.4.29 ; legs Consuelo Fould.

Consuelo Fould, La Danseuse ou Mademoiselle Colibri, s.d. (XXème siècle), huile sur toile, musée Roybet Fould, inv.90.4.25 ; legs Consuelo Fould.

Consuelo Fould, La vision de Sainte-Thérèse, s.d. (XXème siècle), huile sur toile, musée Roybet Fould, inv.90.4.30 ; legs Consuelo Fould.
DÉONTOLOGIE
Une œuvre peinte sur textile se compose de trois éléments essentiels :
Un châssis, cadre en bois sur lequel on tend un support en toile fixé par de petits clous (« broquettes » ou « semences ») ; sa solidité peut être renforcée par des traverses d’angle ou écharpes avec ou sans clés pour tendre le textile.
Un textile, généralement une toile de lin (mais aussi coton, chanvre, jute, soie…), tendu sur un châssis ; il sert de support en peinture depuis le XVIe siècle. Ce support est recouvert généralement d’une préparation blanche ou colorée (encollage et/ou différents liants) pour recevoir la couche de pigments.
La couche picturale, composée de liant et de pigments, peut être recouverte d’un vernis.
Les traitements en restauration nécessitent une bonne compréhension de la matière picturale (pâte, demi-pâte, glacis, frottis, réserve…) que son aspect soit mat, brillant ou satiné. Les pigments sont d’origines diverses (minérales, végétales, animales). La présence de certains matériaux peut éclairer les phénomènes d’altérations et conditionner une intervention dans le respect des lois physiques et chimiques. Il s’agit ainsi de maintenir la cohésion des matériaux qui interagissent entre eux ainsi que l’adhésion des couches entre elles à partir du support.
Les interventions opérées sur une œuvre en collection publique répondent à une déontologie fixée par une circulaire nationale et un code éthique international.
L’intervention doit être documentée, visible, réversible et opérée à partir de produits identifiés, non nocifs pour les œuvres, l’environnement ou les personnes. Les interventions sont archivées pour être analysées et identifiées ultérieurement dans le dossier d’œuvre.